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Un peu d'histoire ...

C'est en 1843 qu'Adolphe SAX (1814-1894) voir planche n° 1 mit au point à Paris une famille d'instruments chromatiques capables de couvrir une large tessiture (presque 5 octaves) et présentant une grande homogénéité tant pour l'esthétique visuelle que pour la technique de doigtés.
Le Comte de Rumigny n'attendait que l'occasion de faire entendre au roi ces nouveautés. Celle-ci se présenta, en 1844, lors de l'exposition industrielle.
Le souverain et la cour étant enchantés de l'aubade donnée par des joueurs de saxhorn à leur intention, on décida peu après d'un plan de révisions des effectifs instrumentaux des musiques militaires.
Un concours public fut organisé au Champs-de-Mars le 22 avril 1845 (période pendant laquelle la famille des instruments chromatiques mis au point par Adolphe SAX prirent le nom de saxhorn, voir planche n° 2). Il opposait une formation traditionnelle (comprenant notamment les redoutables ophicléides !) défendue par Michel CARAFA, directeur du gymnase, à un ensemble reposant pour l'essentiel sur la famille des saxhorns. Les enjeux étant tout autant économiques qu'artistiques, des pressions plus ou moins avouables entrèrent en jeu, mais la supériorité de la réalisation de Sax fut indéniable.
Le 19 août 1845, une décision ministérielle inspirée par les conclusions du jury établissait ainsi les effectifs instrumentaux :

- 1 petite flûte en ut
- 1 petite clarinette en mib
- 14 grandes clarinettes en sib
- 2 clarinettes basses en sib
- 2 saxophones
- 2 cornets a 3 cylindres
- 4 cors à 3 cylindres
- 1 petit saxhorn en mib
- 2 saxhorns en sib
- 2 saxhorns en mib(altos)
- 3 saxhorns en sib(à 3 ou 4 cylindres)
- 4 saxhorns contrebasse en mib
- 1 trombone à cylindres (système sax)
- 2 trombones à coulisse
- 5 instruments à percussion.

Le saxhorn de nos jours …

La composition des différents pupitres de l'orchestre d'harmonie n'a que très peu variée depuis Adolphe SAX, mais la dénomination saxhorn ne s'adresse plus qu'au saxhorn-basse en sib (cousin de l'euphonium) que l'on nomme désormais saxhorn.
Au sein du pupitre de l'orchestre d'Harmonie de la Garde Républicaine voir planche n° 3 dont nous faisons partie, nous jouons indifféremment le saxhorn ou l'euphonium, en fonction du répertoire ou tout simplement de l'orchestration.
Le coté brillant et la précision du saxhorn favorisant le lien entre les saxophones et les contrebasses à cordes ou à vents, l'emploi de l'euphonium se limitant à des œuvres dont l'orchestration moins détaillée met en valeur ses qualités lyriques.
La France compte une vingtaine d'orchestre d'harmonie professionnelle dont les plus prestigieuses sont (l'Orchestre d'Harmonie de la Garde Républicaine, l'Orchestre de la Musique de l'Air, l'Orchestre de la Police Nationale , l'Orchestre de la Police Parisienne ...)
Chacune de ces formations compte dans ses rangs entre 4 et 7 musiciens jouant le saxhorn.
Comme dans l'ensemble des orchestres symphoniques l'emploi du saxhorn n'est qu'occasionnel, et se limite à l'exécution de traits d'orchestre comme : Moussorgsky, Mahler, Strauss, Messiaen, Nunes, Grisey …mais cependant réalisés par un spécialiste de cet instrument.
C'est dans les formations contemporaines telles que l'ensemble intercontemporain que préside Pierre BOULEZ que le saxhorn retrouve occasionnellement une place de premier choix. Malgré ses 150 ans, ce n'est que depuis peu que les grands compositeurs d'aujourd'hui découvrent et utilisent les possibilités techniques et sonores de nos instruments.

L'enseignement du saxhorn ...

La France compte 3500 établissements d'enseignement de la musique parmi lesquels un grand nombre propose l'enseignement du saxhorn. C'est en règle générale le même professeur qui enseigne simultanément le saxhorn, l'euphonium et le tuba. L'enseignement de la musique dans notre pays se fait par un système pyramidal composé d'écoles nationales de musique, 32 conservatoires régionaux et 2 conservatoires d'enseignement supérieur ( l'un à Paris et l'autre à Lyon) voir planche n° 4 desquels sortiront des musiciens professionnels. Dans ces deux derniers établissements, les étudiants jouent simultanément le saxhorn et l'euphonium, cela leur permet de jouer l'ensemble du répertoire (français et étranger) et d'avoir comme pour les trompettistes jouant indifféremment du cornet, du bugle de la trompette piccolo…une palette sonore plus riche.

Le répertoire soliste ...

Les premières œuvres originales pour saxhorn ont été composées à la demande d'Adolphe SAX et furent éditées dans sa propre maison d'édition rue Saint Georges, il organisait des soirées auxquelles assistait le tout paris ou ses invités pouvaient écouter entre autres, des œuvres comme « le grand duo » sur des airs de l'opéra Guillaume Tell de Gioachino Rossini pour le nouveau saxhorn et le trombone sax à six pistons et piano. N'oublions pas que le très célèbre Jean-Baptiste ARBAN fut le tout premier professeur de saxhorn au conservatoire de Paris.
C'est à partir des années 1950 que le répertoire solo du saxhorn se développa, notamment par les commandes que le conservatoire de Paris faisait au compositeur (Tubacchanale de Roger Boutry, Mouvement de Jean-Claude Henry, Suite brève de Albert Desenclos, Concertino de Eugène Bozza, Concertstuck de Jacques Murgier, couleurs en mouvements de James Moreau, Rhizomes de Frédéric Boulard ...), à l'heure actuelle le répertoire du saxhorn compte plusieurs centaines d'oeuvres de tous niveaux voir planche n 5

La facture instrumentale ...

Une des spécificités du saxhorn par rapport à l'euphonium est la longueur de la branche d'embouchure et l'emplacement de la coulisse d'accord qui se situe pour le saxhorn avant les pistons alors que sur l'euphonium nous la trouvons après les pistons.
Même si le saxhorn a subi plusieurs modifications depuis l'instrument original mis au point par Adolphe Sax, les éléments essentiels qui lui donnent toutes ses qualités n'ont pas été modifiées voir planche n° 6 (à gauche : David MAILLOT avec le dernier modèle de saxhorn Antoine Courtois Paris fabriqué en 2004 et à droite : Philippe FRITSCH avec un saxhorn original signé et fabriqué par Adolphe SAX).
Le dernier modèle en date, fabriqué par le facteur d'instrument Antoine Courtois Paris intègre une mécanique à quatre pistons compensés, identique à celle que l'on trouve sur l'euphonium. Cette évolution nous permet en France de passer avec plus d'aisance d'un instrument à l'autre et donnera aux joueurs d'euphonium un accès plus facile au répertoire français.

Sébastien STEIN et Yumi Otsu en récital lors du prochain congrès de l'ITEA à Budapest avec un programme de musique française pour saxhorn et euphonium (planche n° 5 ).

Le pupitre de saxhorn de l'Orchestre d'Harmonie de la Garde Républicaine (Philippe FRITSCH, David MAILLOT, Jean-Luc PETITPREZ et Michel THIEBLEMONT) en concert dans un programme pour quatre saxhorns et piano (Yumi OTSU) lors du prochain congrès de l'ITEA à Budapest.

Philippe Fritsch.
David Maillot.

Article rédigé pour le Journal de l'ITEA
ITEA Journal Volume 30 Number 3 Spring 2004